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 J’ai commencé à m’exprimer avec la photographie et la vidéo pour
ensuite établir des passerelles vers d’autres medias,
La série Corps et Paysages Mutations s’articule autour de re-créations
de paysages au caractère ambigu, ils interrogent les mondes urbains où
les activités humaines entrent en collision avec l’environnement.
C’est une réflexion sur l‘évolution des métropoles.
Tout mon travail tourne autour de la mise en question de la dialectique
des contraires: le vrai / le faux, le beau / le laid, attirant / repoussant afin
de montrer que tout peut se décliner en son contraire, en l’échange puis
ensuite conduire vers d’autres découvertes. Christine Barbe

La série « Paysage-Mutation » est une synthèse de la conversion environnementale que subit notre paysage contemporain. Un télescopage des activités humaines sur leurs environnements, qui engendrent au final une réflexion sur le devenir des métropoles. La mutation de ses paysages se fait par la numérisation de deux antithèses, entre réalisme et fantastique. Cependant la frontière infime entre ses deux entités, marque précisément la dissimulation des activités économiques, industrielles et de loisir.

Dans L’oeuvre intitulée « Le Baptême », basée sur la performanceinstallation de Romina De Novellis – baptême d’un corps dans une mise en scène baptismale – Christine Barbe a crée une vidéo qui revisite le parcours d’une femme qui effectue des gestes de l’ordre de l’intime mais au regard de tous. Une dualité de l’identité d’une femme au cœur de la cité. Une vidéo qui incarne la mutation d’un corps à l’intérieur de la ville.

Christine Barbe, “corps et paysages mutations, photographies et vidéos”,  Inception Gallery, 37, rue de Poitou, 75003 PARIS. Tel: +33 (0) 1 77 16 68 07. Du 14/03/12 au 02/04/12.

Images 2,3,4, Christine Barbe, Still4, «D’après le Baptême»,  (Installation-­‐performance de Romina de Novellis) Diasec. 85X120cm. Ed 3+2EP. courtesy Christine Barbe et galerie Inception, Paris.
Autres Images, , Christine Barbe, “Paysages-Mutations”, Diasec, 120cm/90cm, courtesy Christine Barbe et galerie Inception, Paris
  
  
En continuité avec son travail de la peinture (voir article ci-dessous), Christine Barbe travaille actuellement la photographie, la vidéo et le dessin. Son fil conducteur, le travail sur la mémoire et la multiplication des expériences et des techniques. J’ai découvert son oeuvre grâce au Magazine Paris sur la terre. Après le reportage j’ai toujours suivit la progression de Christine Barbe dont le travail atteint une sorte d’apogée aujourd’hui.

Aujourd’hui, Christine travaille surtout la photographie et le dessin. Et jongle toujours entre la réalité et l’abstraction, la vie réelle et la vie rêvée. Elle aime le travail sur la mémoire. Les litanies et les différents états de l’être. Avec la sophistication qu’elle s’amuse à manipuler, contredire, falsifier. Le bic qu’elle travaille avec perfection et qu’elle « abîme » avec de l’alcool pour réaliser des effets fabuleux.…. Mais encore la photographie où elle multiplie les superpositions, les enchevêtrements, les montages, les collages numériques… Car la plasticienne malmène la technique pour mieux multiplier les errances mentales, laisser partir l’imagination, se complaire dans la fantasmagorie. Où interviennent comme des refrains le corps, la ville, la nature.
Comme dans ses dernier sujets consacrés aux « Jeux d’eaux » et aux « Eblouis » qui apparaissent comme de pures déconnexions de l’esprit. Christine touche le monde de la rêverie pure, de la sérénité intérieure. Les reflets de l’eau, les corps flottant dans ce plaisir de la décontraction, les visages vus du dessus, comme lissés, sereins. Le tout dans des couleurs superbes et subtiles mais fortes, où se conjuguent les turquoises et les safrans. Où l’on pourrait enfin croire à la beauté sublime du moment. De l’éternité …
Sa série « Glam’food » exacerbe totalement ses oppositions intrigantes, ses jeux sur l’insolite, le ludique voire le grotesque qu’elle adore. L’artiste photographie de la nourriture, des petits fours aux restes de plats qu’elle recompose dans des photographies très élaborées. Avec des images prises la nuit. Dans le mouvement, la vitesse. Le tourbillon. Et la nourriture apparaît si bien travaillée, retravaillée qu’elle prend une autre dimension. Une autre vie. Qu’elle n’est même plus de la nourriture mais un élément de composition parmi d’autres d’une image photographique. Pour donner à voir une nouvelle entité totalement étonnante et inoubliable qui joue avec les limites de l’attraction-répulsion. Comme autant d’empreintes incongrues ou de paysages artificiels.
Et sa série de visages. Si particulière. Tellement éblouissante et si inquiétante. Où les yeux et la bouche, les endroits communicants se retrouvent habités, occultés par des éléments d’une nature luxuriante. Ici, Christine pousse au bout l’enfouissement. L’empêché. Fini l’expression. Arrive la pétrification. Mais d’une manière si poétique…Où les couleurs et les images de la nature, des verts émeraudes aux rouges incandescents contrastent avec la blancheur de la peau du personnage. Comme dédoublé.
Ses dessins relèvent du même combat. De la même obsession. Ici la vitesse devient rapidité et audace du trait. Toujours entre la perfection et la subversion, La plasticienne le triture au point même parfois de le faire disparaître. Elle le désagrège pour mieux en trouver l’essence. La quintessence. Et ce sont ses souvenirs de ses derniers voyages à Los Angeles, qui se retrouvent malmenés sur le papier. Ces arbres qui la fascinent, les palmiers balisant les routes comme des marquages improbables. Ces morceaux artificiels de verdure emprisonnés dans l’urbanité de la ville.
Christine Barbe aime tellement les textures, les images, qu’elle ne peut s’empêcher d’en jouer, d’en déjouer au maximum pour mieux appréhender les choses et le monde. Comme pour mieux toucher, comprendre « la condition humaine ».

 

Texte paru dans le City Magazine Paris sur la Terre (2012)

Christine Barbe, d’une terre, d’un ciel, d’une ville, l’autre. Dans son atelier de l’Oise, Christine Barbe saisit le corps et l’esprit dans tous leurs états. Formidablement moderniste, l’artiste jongle des matières, des supports et des médias. Visite dans l’antre d’une belle ensorceleuse.
D’une terre, d’un ciel, d’une ville, l’autre. De Grenoble à Paris en passant par l’Afrique du Nord, New-York et un petit port de Hollande, Christine Barbe n’en finit pas de travailler sur la mémoire. De capter le souvenir. De le manipuler. Et de le transmettre. Dans son immense atelier blanc de l’Oise, au milieu d’une nature verdoyante, la jeune femme brune dévoile ainsi le corps et l’esprit dans tous leurs états. Posées le long des murs, ses toiles de tous formats laissent apparaître un univers à la fois sobre et foisonnant. Gestuel, vibratile, rythmique. Où elle ne cesse de pervertir le “bien-faire”, dit-elle, comme pour toujours perdre la chrysalide d’une bonne éducation”. Sur ses grands tréteaux, à même le sol ou sur des étagères, des multitudes de pots de colles, de peinture aérosol, d’acétone. Et encore des boîtes à outils débordant de marteaux, de clous et d’outils en tous genre. Même les armoires gigantesques éclatent de rouleaux de papier, de cadres, de livres d’arts. A l’intérieur d’une porte, une image de son ancien atelier parisien de la rue du Perche, dans le Marais. Posé sur une table, son appareil photo attend un visage, un corps à portraiturer. Un peu plus loin, ses notes à portée de main : “faire un essai avec le graphite”, “tout le fond rouge”, “appliquer le même bleu mais très blanc dessus”. Expériences et manipulations.
Nourrie par ses fascinantes et si contraignantes études de gravure dans sa ville d’origine, Grenoble, c’est dans le magnifique village marocain d’Asilah noyé entre le soleil et la mer, que Christine Barbe découvre les monotypes. Premières libérations. Premières interventions du hasard qui lui est si cher. Puis c’est à New York qu’elle parfait sa technique dans des collages disloqués, sans cesse déformés et redéformés qui s’attachent à saisir le moment ou l’instant. Premiers travellings et jeux d’écritures, aussi. La lumière de l’Afrique du Nord l’avait convertie aux couleurs. Ici sourdes, stridentes, primaires, jonglant des transparences, expressionnistes à n’en plus finir, elles expriment dans des “patchworks” comme les appelle l’artiste, les échanges humains “dans des sortes de clichés”. A son retour en France, en 1989, son travail se transforme et glisse doucement. Sa culture européenne, longtemps, peut-être trop longtemps mise entre parenthèse, la saisit, la bouscule et l’interpelle. Les attaches remontent et l’enlacent définitivement. Sa palette s’adoucit pour atteindre une quasi monochromie. Désormais, seuls les argents et les ors osent s’embraser entre les noirs et les blancs. “J’aime les couleurs alchimiques qui changent de point de vue selon qu’on les regarde”, explique t-elle. Nuances et métaphores.
Métamorphoses surtout. Car Christine Barbe jongle de toutes les matières, de tous les supports, de tous les médias. De la fresque à la pierre des pavés en passant par les toiles, les sérigraphies, la photographie et la vidéo, elle n’en peut plus de mêler la tradition à la plus pointue des modernités. Car rien ne l’embarrasse. Rien ne lui fait peur non plus. Comme un explorateur un peu fou parti en campagne, en faisant “un pas en avant, deux pas sur le côté”, dit-elle en mimant les gestes, elle avale et incorpore à ses recherches tout ce qui peut atteindre son but : “le travail sur l’identité… le déploiement de l’image, l’arrêt de la narration, les visions entrecoupées. Mes recherches se concentrent sur la mémoire et sa manipulation du souvenir, mais également sur son devoir de transmission”, dit l’artiste. Et la voilà qui transfère, recycle ses propres images photographiées ou numérisées devant son ordinateur. Puis vient l’ouvrage dans l’atelier sur des fonds de toiles ou de papier comme de veilles fresques ou d’anciens vestiges. Grattées, griffées, trouées. Et la perversion se poursuit. A tout prix. Au sol. A la Jackson Pollock ou Anselm Kieffer. Christine Barbe gicle, éclabousse, laisse son geste porté par le courant et réagit. Laisser. Faire. Elle dessine encore à plat avec une pipette et saupoudre le graphite quant elle n’incorpore du blanc de Meudon dans les reliefs et n’ajoute de la résine pour mieux voiler, dévoiler ses portraits. Pire encore, la jeune femme poursuit sa construction-destruction pas un lavage au jet qui se termine enfin dans l’extrême douceur d’un ponçage. Patience et violence. Miracle d’une apocalypse.
Ici dedans-dehors, dessus-dessous, c’est le même combat. Naissent alors de l’enfouissement et des perturbations intolérables des échanges, des mutations, des palimpsestes inimaginables. Le corps se révèle peu à peu dans tous ses états. “Comme un feux follet, -qui- simulacre une sorte de transe saccadée, galvanisée”, écrit l’artiste. Ici apparaissent, disparaissent, comme en lévitation les “corps énigmatique, corps du dépassement, corps de performance, corps imaginaire” qui tapent, courent, hurlent, se libèrent, frappent encore comme pour sortir de l’écran, du cadre, de l’espace dont ils sont prisonniers. Elle décompose ainsi le mouvement. Image après image. Le geste ralentit. L’air s’allège. Dans son imperturbable recherche “du côté d’un sentiment des êtres et des moments de la vie”, écrit Yves Michaud, la jeune femme s’en prend aux images, aux symboles et aux signes qu’elle mixte, malaxe, et transfuge. Elle conjugue tradition et subversion pour mieux capter les “états multiples de l’être” selon René Guénon ou les “sentiments à l’état naissant” selon Nathalie Sarraute dans Le portrait d’un inconnu. Christine Barbe vit formidablement l’art présent en s’abreuvant du passé. C’est sa force et sa loi.
Anne Kerner

Christine Barbe, “Tout peut basculer dans l’instant”, Art Collector, Le patio, Du 12/11 au 22/11/12.

Premier Slide consacré aux peintures et dessins de l’artiste. Deuxième slide consacré aux photos. Courtesy Christine Barbe et ouvretesyeux.

www.christinebarbe.com