Shelly Verthime et Samuel Bourdin dévoilent des images réalisées par le photographe dans les années 1950. Dommage que les photos soient interdites car nous aurions aimé vous faire partager ces clichés magnifiques et précieux, d’une élégance et d’un raffinement extrême. L’exposition demeure absolument sobre avec un départ sur les premières images de mode pour Vogue de Guy Bourdin. La célèbre femme au chapeau captée devant des têtes de veaux à la langue pendante dans une boucherie. L’humour était donc déjà bien présent dans l’ univers hors du commun de celui qui refusa tous les prix. Mais ce sont les photographies intimes de ses amis puis de sa famille que l’on retient ici. Dans un cadre rigoureux, un décor quasi absent, une simplicité folle, et juste le noir et blanc, Guy Bourdin offre les portraits de Dorothée Tanning, du sculpteur César, Françoise Gillot ou encore Sonia Delaunay. Tout un monde d’artistes qu’il s’amuse à photographier avec ce décalage qui hantera toute son oeuvre à venir marquée par le surréalisme de Man Ray dont il fut l’assistant. Remarquables aussi, les polaroïds. Surtout ne les ratez pas. Ces deux ou trois photos de jeunes femmes en sous vêtements dans leur chambre et lisant un journal sont l’un des rares moments sensuel et gracieux des Rencontres d’Arles : juste lorsque dans la semi-obscurité, la lumière caresse avec tant de douceur le bras et la hanche… La visite se termine évidemment avec un grand diaporama des photos de mode de Guy Bourdin dont sa célèbre campagne publicitaire pour les chaussures Charles Jourdan, super flashy, super géométrique, super claustrophobes… Et bien plus qu’ultra sexy ! Anne Kerner.

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Né en 1928 à Paris. Mort en 1991 à Paris.

UNTOUCHED
La chambre noire
En 2011, Shelly Verthime, commissaire de l’exposition, […] découvre dans une boîte en carton 100 enveloppes de papier brun : dans chacune d’elles, Guy Bourdin avait placé le négatif et le tirage en noir et blanc. Pour cette passionnée, le choc est là, à l’image de tous ces « Untouched » présentés pour la première fois au public à l’occasion des Rencontres d’Arles. Les images datent du début des années 1950. […] Le radicalisme pictural de Guy Bourdin s’affirme dans les hommages aux maîtres de la photographie : Eugène Atget, Berenice Abbott, Man Ray… […] Ces images, précédant la grande aventure qui commence chez Vogue France en 1955 avec Edmonde Charles-Roux, [qui fera de lui le grand de la mode en couleur], sont à la charnière d’une histoire, d’une palette d’expressions : la photographie d’une part et les dessins de l’autre. […] Pour Shelly Verthime, ces images révèlent, au-delà d’un témoignage sur le Paris de l’après-guerre, les prémices d’une œuvre à venir.
Extrait du texte de l’exposition écrit par Laurence Benaïm, directrice du magazine Stiletto .

Commissariat : Shelly Verthime.
Tirages en partie réalisés par Processus, Paris. Encadrements réalisés par Circad, Paris. Projection : production exécutive par Coïncidence. Exposition présentée à l’espace Van gogh. Images courtes Rencontres d’Arles 2013.

Biographie

Guy Bourdin sera formé à la photographie durant son service militaire, passé dans l’armée de l’air à DakarSénégal (1948–1949). En 1950, retourné à la vie civile, il expose des dessins et des peintures dans une galerie parisienne. En 1951, Il rencontre le peintre et photographe Man Ray après plusieurs tentatives1.

En 1952, il propose sa première exposition de photographies rue de Seine à Paris, le catalogue est préfacé par Man Ray. En 1953, il expose à nouveau ses photographies sous le pseudonyme d’Edwin Hallan, et en 1954, il expose à nouveau ses dessins.

Il est encouragé en début de carrière par Michel de Brunhoff, rédacteur en chef de Vogue France, mais ses premières photos de mode sont publiées dans le numéro de février 1955 de Vogue France, alors dirigé par Edmonde Charles-Roux. « Il avait l’air d’un écolier » raconte Charles-Roux, frappée par les images qu’il lui avait présenté : « C’était des hommes et des femmes nus, montrant seulement leur dos ou leur postérieur à la caméra, assis. […] Le sujet choisi était loin de ce qui aurait pu nous intéresser à Vogue », mais la qualité du travail était « exceptionnelle »1. Sa première série est un sujet sur les chapeaux, la première image présentait un chapeau Balenciaga avec un petit voile, Charles-Roux se souvient : « Sous la voilette, sur le visage du modèle, il y avait une mouche. Ou une abeille, je crois. Elle était morte mais avait l’air bien vivante. »1. D’autres images sont prises dans une boucherie, le modèle et son chapeau posant devant des têtes de veaux avec la langue pendante2. Bourdin travaillera pour le magazine jusqu’en 1987.