La jeune italienne Romina De Novellis se met à nu dans ses performances pour mieux dénoncer l’enfermement. 

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Lady Gaga vient de se tourner une vidéo entièrement nue par la très célèbre artiste serbe Marina Abramovic. Un coup de publicité avoué : rassembler des fonds pour ouvrir un institut d’art à New York ! Performance, art corporel ? Depuis les premières expérience réalisées au Black Moutain College aux Etats-Unis, un artiste se met lui-même en scène. Dans les années 1970, on se souvient de la plasticienne américano-cubaine Ana Mendieta, dont un thème récurrent dans l’œuvre est la violence contre le corps féminin, imprime son corps dans le sol. Dans la série Arbol de la Vida (arbre de vie), elle couvre son corps nu de boue et pose contre un arbre. L’art multiplie les actions politiques et souvent subversives devant un public parfois choqué.

Si Romina De Novellis dans sa trilogie présentée à la galerie Laure Roynette se révolte elle aussi contre l’enfermement, ses performances et la nudité qu’elle y implique ne portent aucune violence physique. Au contraire. Ici, pas de “Messe pour un corps” à la Michel Journiac. Pas d’agression infligée à la Gina Pane. Pas non plus de métamorphose du corps à la ORLAN. La jeune femme italienne qui vient d’ailleurs du milieu de la danse et du théâtre réfléchit sur la place du corps dans notre société. Ses préoccupations ? Même si ses thèmes se consacrent aux mythes féminins, la frustration de l’être humain, son sentiment d’enfermement dans notre univers et tous les réseaux sociaux qui l’entourent. Sa nudité ? Tout simplement peut être la condition la plus pure, la plus vraie, la plus fragile aussi. Celle qui met certes en danger et qu’elle assume pleinement. Mise donc à l’épreuve visuelle des yeux du public, mais surtout mise à l’épreuve d’elle-même. Ses performances souvent extérieures où elle brosse la laine pendant des heures ou réalise des noeuds derrière un mur de fils rouges de deux kilomètres, celle encore où elle accroche dans une cage de métal de roses blanches qui progressivement l’éttoufent, comme elle vient de la faire la semaine dernière place Saint Germain des Prés, font tout de même penser à la véhémence psychique de l’activisme viennois dont s’inspire par exemple l’artiste d’origine camérounaise Barthélémy Toguo. Dans sa pratique, son contenu, sa durée, ses oeuvres dévoilent avant tout un questionnement, au travers de l’enfermement, sur la liberté. Une oeuvre terriblement forte et poétique qui rappelle celle de la majestueuse Rebecca Horn et qui interroge nombres d’artistes présents dans l’exposition “A triple tour” à La Conciergerie. Romina De Novellis ? Une artiste. Magnifique et rare. A suivre.  Anne Kerner.

Romina de Novellis, galerie Laure Roynette, 20, rue de Thorigny, 75003 Paris. Du 10/10 au 23/11/13.

(Images, photographie en noir et blanc courtesy Fabrice Balossini, autres images ouvretesyeux)