Lin Tianmiao est la première artiste femme chinoise de renommée internationale. Son oeuvre unique et rare s’inspire à la fois de la tradition chinoise comme de sa modernité. Un travail social et politique d’une immense ampleur. 

L’histoire de Lin Tianmiao a des airs de conte de fée chinois. Un conte de fée qui lui donne tous les talents d’une artiste rare, immense, incomparable manipulatrice de fils et de textures. Chinois bien sûr. Car toute sa vie et son Histoire la traverse. Avec sa révolution culturelle évidemment, où elle est envoyée avec sa mère «dans les champs» et travaille la couture.  Premier apprentissage. Long, difficile, pénible. Et pourtant. La jeune femme diplômée des Beaux Arts de Pékin choisira une carrière de designer textile à New York où elle passe plus de dix années avec son mari, le vidéaste Wang Gongxin. Epreuve ? Exorcisme ? Seule Lin Tianmiao peut le dire. Et seules ses oeuvres peuvent l’exprimer.

Ainsi, de ses mains éblouies, naissent depuis une vingtaine d’années des oeuvres inouies. Des oeuvres d’une clarté, d’une délicatesse, d’un raffinement infini. Par sa pureté, par son austère intransigeance, par son altitude, tout son travail interroge l’art et l’acte même qui le consiste. A travers ses oeuvres de matières, de tissus,  de coton ou de soie, elle met comme Tapies plus tôt à nu la spécificité du langage pictural. Ici aussi la matière et l’objet inventent de nouvelles formes, de nouvelles visions, de nouveaux rêves. Jeux subtils entre le dépouillement et l’ébouriffant foisonnement. Transformations. Métamorphoses. «Etre mère vous rend plus fort et aussi très très sensible», avoue Lin Tianmiao qui rappelle Louise Bourgeois. L’artiste ne crée elle aussi que pour donner un nouvel être au monde ? Un Etre singulier, terriblement organique, où les formes rondes et infinies se multiplient et se démultiplient pour toujours mieux symboliser la naissance de l’homme, de l’univers. De la Vie.  Nids ? Oeufs ? Nuages ? Qui envahissent et fécondent les corps sculptés, qui traversent fulgurants des toiles de tissus, qui se posent à même le sol comme des bulles si légères dans leur souveraine blancheur. Car Lin Tianmiao aime aussi l’immaculé. Oui. Ce «blanc souci de notre toile» qu’elle manipule avec tant de désir, de plaisir enfin, allant toujours et toujours plus haut, plus loin, vers l’inconnu de la beauté dans des photographies, des sérigraphies sur papier, des impressions numériques, des sculptures en polyester, toujours, toujours brodés ou sertis si minutieusement de fils de soie. Ici, le regard se laisse aller aux sensations d’un doux vertige si fragile, si ténu. Dans l’entre de la transparence. Dans l’apparition. La disparition ? Elle nous transporte dans ces moments, ces «traversées du temps» dont parle Henri Michaux pour nous donner à voir un objet esthétique libre,  sensuel, d’une imprudence rayonnante.

Nourrie par sa culture ancestrale, osant aussi et surtout «dire» la Chine d’aujourd’hui, Lin Tianmiao livre une nouvelle vision du monde. Celle d’une artiste femme, qui est sûrement la plus belle qualité qui soit, qui comme Kiki Smith, comme Louise Bourgeois, comme Berlinde de Bruyckere,  crées des oeuvres d’une expérience millénaire et d’une façon d’être au monde. Universelle. Unique.  Lin Tianmiao ? Une fée. Anne Kerner.

 Traduction, ouvretesyeux

 无与伦比      . 林天苗.

或许,在某个星辉灿烂的静夜,纺彩虹的织女悄悄来到凡尘,把她精湛的技艺密授给了林天苗,于是我们的天苗就有了他人无法企及,巧比天人的才能。一双飞针走线的巧手能把金线,银线,棉线,丝线绘制成一幅幅五彩斑斓,瑰丽,锦绣的画面, 或者用金线,丝线,各种的线把不同的物件精妙的缠绕成别具风格的,独特的艺术作品。

 毕业于首都师范大学美术系的林天苗有着无与伦比的操控纱,线及纺织品的才能。她曾经是布艺设计师,在八十年代底及九十年代初与同为艺术家的丈夫王功新旅居美国。而在纽约的近八年里,她曾是一位受人尊敬的,杰出的纺织品设计师。

 而如今如此迷恋’线’与’缠’的艺术家,对“线”却没有与生俱来的热爱。相反,“童年的线”是记忆里挥之不去的不快。   “小时候,我总是被迫帮妈妈缠那总也缠不完的棉线”  林天苗如是说。     林天苗是一位生于中国,长与中国,且热爱中国,有强烈的民族自豪感的艺术家。可是在那些一场运动接着另一场运动的年月里,幼小的林天苗却没有金色的童年时光。因为父亲被打成右派,并被下放到山西,她跟着父母流离到了异乡。在那段极其拮据的岁月中,家里三个女儿的冬衣都得靠妈妈用棉线织就。于是,作为妈妈的’小帮工’的林天苗,就此与’线’接下了不解之缘。

近二十年来,她用那纤细,灵巧的双手,细腻敏感的艺术视觉为人们呈现了一幅幅,一件件令人眼花缭乱,美仑美奂的艺术品。       独具匠心的林天苗有自己独特的艺术语言,她的作品完美的结合了传承与创新。而且有无法忽视的强烈的女性痕迹,那里,精致唯美的中国传统绣艺融合在了极前卫的装置艺术里。但是在某些作品里,您又能感受到一些似西班牙艺术家塔皮艾斯的绘画语言特征。         林天苗作品的用料极其考究,或精美奢华,或纤尘不染,洁白无瑕。而所有的材料经过她的艺术加工又都焕然而成全新的模样,无端地添了一层梦幻的色彩。

 “做了母亲后您会变得更坚强,同时也更敏感”  林天苗说到。这不禁令人想到路易斯.布尔乔亚。       在林天苗作品里有很多洁白的,圆形的物体,似一个个小小的,无暇的球。它们代表了什么?抑或象征着什么?  是生命的初始?万物的本真?宇宙的本源?是生生不息,不停繁殖的卵,蛋,或是一团团云 朵??!!         不同的观者自有自己不同的答案。

 林天苗是一个完美主义者,观看她的展览,您总是会被那一丝丝,一团团,一片片无暇的,耀眼的,纯净的白所吸引。她的作品不仅涵养着深邃的思想,同时有一种令人眩晕的美。而这种美似乎您从不曾在别的艺术作品里见过。精妙,绝伦!!

林天苗是传统的,她被祖先独一无二的,辉煌的古典文化所滋养,林天苗又是极现代的,她几乎是中国装置艺术的领军者。    中国的艺术家林天苗,就像奇奇.史密斯 (kiki Smith), 路易斯.布尔茹尔 (Louise Bourgeois),贝林德.德.布路易可 (Berlinde de Bruyckere)是享有国际声誉的女艺术家 。      她在传承中创新,在创新中传承。

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Informations sur Lin Tianmiao.

Née à Taiyuan, province du Shanxi, en 1961, Lin Tianmiao est l’une des premières artistes femmes de Chine qui ait rencontré une reconnaissance internationale. A la fin des années 80, après avoir étudié le dessin à Pekin, elle se rend à New York avec son mari Wang GongXin, un artiste vidéaste renommé. Ils vivent à Brooklyn durant 7 ans, et fréquentent les artistes de la communauté chinoise, dont Ai Wei Wei. La découverte de l’œuvre de Eva Hesse l’oriente vers la pratique de l’installation. De retour à Pekin en 1995, elle participe à l’exposition « Women’s Approach to Contemporary Art » à l’Art Museum of Beijing. Elle y présente une installation fondatrice : The Proliferation of Thread Winding. Dans cette œuvre, les influences reçues se fondent à des souvenirs d’enfance (l’usage par les femmes du fil de soie, le travail domestique long et fastidieux) pour se transformer en évocation onirique et en commentaire social. Dès lors Lin Tianmiao a trouvé son style propre, produisant des œuvres qui questionnent la société chinoise et son rapport aux antagonismes qui la traversent : passé / présent ; masculin / féminin ; tradition / mondialisation. Par son histoire singulière, l’œuvre de Lin Tianmiao se distingue radicalement de la production chinoise contemporaine qui est le plus souvent une synthèse du Pop-art et du réalisme socialiste avec une pincée de cynisme post-moderne. A l’automne 2012, l’Asia Society Museum de New York a présenté sa première rétrospective : Bound Unbound, qui a reçu un accueil chaleureux, attesté notamment par la publication dans Art News d’un important dossier par Barbara Pollack, Lin Tianmiao faisant l’objet de la couverture du magazine. Simultanément, une exposition personnelle, Badges, se tenait à la Galerie Lelong de New York. Les œuvres de Lin Tianmiao figurent notamment dans les collections du Hong Kong Museum of Art, Brooklyn Museum, Museum of Modern Art New York, National Gallery of Australia à Canberra, Musée d’art moderne de San Francisco, Musée d’art de Singapour. Lin Tianmiao participe à la California Pacific Triennal (commissaire Dan Cameron) qui se tient jusqu’en novembre à l’Orange County Museum of Art (Californie).

Lin Tianmiao, galerie Lelong, 13, rue de Téhéran, 75008 Paris. Du 13/11/13 au 09/01/14.

(Images ouvretesyeux, courtesy Lin Tianmiao, copyright galerie Lelong Paris).