La galerie Jean Fournier présente une grande partie de ses artistes. La monstration d’une cohérence, d’une beauté et d’une rigueur extrêmes.

DSC_3714 image

imageInformations sur l’exposition

La galerie Jean Fournier est très heureuse de présenter l’exposition Hors-champ, de la pensée à l’œuvre qui réunit des œuvres d’artistes autour de la notion d’expérience, prétexte à montrer des aspects inédits du travail, plus intimes. Cette exposition est la deuxième étape du cycle initié à l’automne 2013 avec Presque noire et blanche croisant les différentes générations d’artistes présents à la galerie depuis sa création dans les années cinquante jusqu’à aujourd’hui.

« Dans un atelier, un studio, un laboratoire, etc., les ratés sont aussi précieux que ce qui semble plus réussi, parce qu’ils témoignent à égalité du chemin parcouru. Il est d’ailleurs fréquent qu’avec le temps une œuvre passe d’une catégorie à l’autre1. »

Associés au choix, les artistes ont proposé des œuvres inédites, accompagnées de carnets ou d’études et de ce qui peut nourrir le cheminement créatif, parfois sans lien direct avec le travail habituellement dévoilé. Comment la pensée est-elle à l’œuvre ?

Un élément de réponse pourrait se deviner dans les œuvres de Gilgian Gelzer. Peintures, dessins et photographies semblent matérialiser les cheminements de la pensée de l’artiste, ses hésitations et ses débordements. Le cours de la pensée dérive, comme dans les carnets de Pierre Buraglio conçus lors de ses voyages en Ombrie ou en Grèce, où l’on observe un retour aux sources du dessin classique et naturaliste.

Par ricochet, la pensée se fait rêverie et promenade mentale. Les dessins érotiques et figuratifs de Stéphane Bordarier témoignent de ces à-côtés de la pensée, hors-champ de la peinture.

Les carnets et les dessins sont aussi le lieu de l’étude précise, d’une étape vers une œuvre aboutie comme pour Claude Tétot ou Nicolas Guiet. Notion que bouscule Peter Soriano en interrogeant sans cesse l’autonomie du dessin. La nature même de ses peintures murales étant presque « volatile », les carnets et les études sont les traces de sa pensée et de l’œuvre en devenir. Ce passage du carnet au mur, de l’étude au plus grand format, Frédérique Lucien en fait l’un des fondamentaux de son travail. La série récente des Feuiller multiplie les rapports d’échelle et de couleur, questionnant le non finito.

Chloé Dugit-Gros, pour une première collaboration avec la galerie, présente des vidéos où les éléments s’ajustent l’espace d’une seconde, le temps que dure leur équilibre instable, créant ainsi des situations picturales et sculpturales in progress. Un grand dessin préparatoire sur calque, par transparences, rend compte des effacements et des quadrillages en vue d’une réalisation d’une œuvre monumentale.

Pierre Mabille propose un ensemble d’études associées à un lé de papier monumental imprimé à l’atelier Franck Bordas, réflexions sur les valeurs et les tonalités de la couleur. D’une précision presque scientifique, il expérimente la couleur dans ses infimes variations.

La couleur est également le sujet de l’œuvre de Jean François Maurige. En regard de ses peintures, l’artiste peint quotidiennement sur des agendas où la couleur rouge prédomine. Par transparence, la couleur agit avec la typographie comme dans ses œuvres travaillées recto-verso.

La notion d’expérience peut aussi être associée à celle du hasard comme chez Claude Viallat, où le support détermine le choix des couleurs. Inédite, la série des œuvres sur papier présentée ici, témoigne de cet aspect expérimental que l’artiste a revendiqué dès les années 1970, tant dans les procédures de création que dans le recours aux matériaux les plus humbles.

L’un des points d’orgue de l’exposition est une Tabula encore jamais dépliée de Simon Hantaï, qui pourrait être une métaphore du sujet de l’exposition. La pensée est nichée au creux des plis, au seuil de l’étoilement et de la couleur révélée. En écho, la Tabula dépliée agit alors comme un révélateur du passage à l’acte.

Hors Champ, Galerie Jean Fournier, 22, rue du Bac, 75007 Paris. Jusqu’au 18/05/14.

(Image du haut, Stéphane Bordarier lors de sa dernière exposition copyright et courtesy de l’artiste et de la galerie, images de l’exposition, courtesy galerie Jean Fournier)