Corinne Fhima invente un monde super érotique, gaie, inventif où elle jongle avec notre corps, le bouscule, le bascule, pour mieux s’en emparer ! Du super Pop d’aujourd’hui !

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Corinne Fhima est une artiste du troisième millénaire qui surfe sur notre monde avec son humour, sa dérision qui font un bien fou dans l’univers de l’art ! Elle ligote des femmes nues dans des barquettes en carton qu’elle emballe sous film transparent, elle réduit le cops à son pur état d’objet de consommation. Et c’est tant mieux. Ici, fini les femmes artistes qui se flagellent ou se défigurent, se métamorphosent. Ici, on pense à Warhol, au Pop, à la totale désacralisation de l’oeuvre d’art. Ses oeuvres font d’ailleurs plus penser aux réalisations du groupe kaikai Kiki au japon qu’à nos bons pop artistes français. A.K.

Informations sur l’exposition

Only lovers left on the art market

Ne dites pas à la femme que j’aime que j’écris sur Barquettes Factory, alors qu’Antoinette Fouque fondatrice de la maison d’édition Des femmes vient de mourir, quelques jours après Aslan l’illustrateur du magazine Lui et qu’en tant que critique je défends principalement des œuvres actives entre danse et arts plastiques. Je me dois d’écrire que Corinne Fhima agit à l’extrême contraire. Elle immobilise de pauvres créatures féminines dans l’impossibilité de toute chorégraphie vivante. A son générique façon dysney érotisé un seul personnage : une Eve mondialisée. Si Jim Jarmush prénomme pareillement sa dernière héroïne c’est dans une posture romantique, où l’amour, même vampire, n’est pas une marchandise moquée mais un échange dans une création inscrite dans l’histoire.

Certes je sais que nous fréquentons actuellement la quatrième génération de post féministes qui n’hésite pas comme Corinne Fhima à s’approprier la grande histoire masculine de l’art. Dans sa cuisine, plus studio de pub que vrai labo identitaire, elle va jusqu’à mixer Beuys avec Jasper Johns ou Jean-Pierre Raynaud sous la houlette des corps soumis des publications érotiques clichés. Découpées, perruquées ses jeunes victimes aux regards censurés se découpent dans des barquettes façon bouchère sur les signes hérités de Daniel Buren ou de Bertrand Lavier. L’histoire de la marchandise se joue au carré du marché de l’art, l’œuvre historique devient fond de studio, tandis que l’œuvre corporelle est mise à distance sous cellophane et code barre.

Certes le post-pop fait recette y compris dans la plus insolente création au féminin. Dans son engagement l’artiste n’hésite pas sur ses tirages de bâche numérique à rajouter des ouvrages de dame, couture ou rembourrage. Pourtant sa pratique d’un boundage domestique utilise aussi bien rubans que cordes ou scotch d’emballage. Elle la défend comme saucissonnage de rôti, farce volaillère. En reprenant la fable des trois singes elle se place dans une attitude raisonnable – ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire – que l’on pourrait croire propre à satisfaire nos nouvelles instances intégristes. Que nenni les jambes largement écartées des trois modèles sont trop suggestives. Par ailleurs l’attitude générale du projet de l’artiste reste cependant bien singulière et égoïste – trouble ce waiting for love, trop ambitieux ce waiting for success – trop peu familiale et nataliste. Il est tentant même de la suspecter de s’identifier à ces victimes de l’image. Ne respectant aucune vraie valeur machiste elle s’attaque même à la Bourse et tente de placer ses créatures sur le CAC 40. Ses œuvres mixtes de grand format ont toutes les chances de se situer dans le marché de l’art, les corps ligaturés y sont reliés aux grands indices qui font le marché, Nasdaq, Nikkei, Dowjones ou Petrodollar. Dans les dessins préparatoires aux mêmes champs de mondialisation, les corps qui apparaissent plus libres de leurs mouvements semblent directement naître des courbes de profits et de tendances. Purs produits.

Par son humour sexué Corinne Fhima se situe dans la lignée des grands refondateurs de code barre Raymond Hains, le groupe Untel ou Jean-Paul Albinet. En mettant en activité dans la galerie sa Factory gérée par des performers mâles s’agitant dans un environnement pseudo industriel des modèles customisées elle donne à voir la totalité du circuit. La fabrication, la gestion et la distribution de masse se répartit des armoires frigorifiques au tapis roulant jusqu’aux chariots des consommateurs, les spectateurs. Elle retrouve ainsi une danse mécanisée du désir toujours à vendre, comme les journalistes internationaux « embeded » dans les conflits armés, l’artiste se veut « embarquée » dans un combat jamais gagné pour une égalité des droits, où toutes les armes dont l’humour noir ou rose sont les bienvenues, dans une société où la pire réaction nous cerne de nouveau. Là seuls les chercheurs d’amour ont des chances de rester vivants et de s’inscrire dans une autre histoire de l’art. Christian Gattinoni, rédacteur en chef de www.lacritique.org

Après avoir obtenu son Diplôme supérieur d’arts plastiques à l’ENSBA de Paris et une licence d’arts plastiques à l’Université de Paris VIII, Corinne Fhima a exposé son travail dans les musées de Ein Harod et de Beer Sheva en Israël, à la Biennale Européenne à Edimbourg, à Varsovie, à Kaunas (Lituanie), et en 2008 aux États-Unis lors du off de Miami Art Basel, pour l’Art Photo Expo, Zombrart ou encore en 2011 et 2012 Chic Art Fair, Paris. Plusieurs manifestations ont retenu son travail comme Jeune Création à Paris, le Salon de Montrouge en 2004, Art Sénat, Orangerie du Luxembourg à Paris, en 2008, ainsi que la Biennale d’Issy pour l’exposition L’art du goût, le goût de l’art en 2013. Après avoir été en résidence artistique à La Source, son travail est également très présent dans des manifestations thématiques comme en 2012 Anywhere Multiples, Galerie ALB à Paris, ou en 2013 Friends par Gilles Ouaki, à la Galerie Caplain-Matignon, le Banquet, un investissement de l’Excès, à la Galerie Paul-Louis Flandrin, Paris, enfin en 2014, Pas si love à la Galerie Bertrand Gillig de Strasbourg. Les expositions d’artistes internationaux La grande bouffe, à Bruxelles, et à Dinard, Le Festin de l’art, dont le commissariat est assuré par Jean-Jacques Aillagon, ont retenu ses oeuvres Eve series pour le printemps-été 2014. Elle présente pour la première fois son projet de mise en espace de BARQUETTE FACTORY à la Galerie White Project, Paris..

Corinne Fhima, Dinard, Palais des Festivals, du 07/06 au 07/09/14.

Corinne Fhima, galerie White Project, 24 rue Saint Claude, 75003 Paris. Du 22 au 25/05/14. Du mardi au vendredi de 14H00 à 19H00 le samedi de 11H00 à 19H00 et sur RDV tél: 09.60.35.69.14. info@whiteproject.fr | www.whiteproject.fr.