La commissaire de l’exposition, Alexandra Fau, a parcouru cet été les Etats-Unis sur les traces d’une pensée et d’un art libres nés dans les années 1960. Ici, on croit voir une exposition très conceptuelle. Mais regardez bien. Profitez de chaque oeuvre. De l’une à l’autre. Concentrez-vous. Et laissez vous emporter par la sensualité parfois vertigineuse qui se dégage des oeuvres. 

Alexandra Fau présente son projet “Fertile Lands”. 

HyperFocal: 0

Vincent Lamouroux

Vincent Lamouroux

Nicolas Floc'h

Nicolas Floc’h

Vue de l'exposition

Vue de l’exposition

Vue de l'exposition

Vue de l’exposition

Cyprien GAILLARD

Cyprien GAILLARD

Une proposition de Alexandra Fau, avec Lara Almarcegui, Rosa Barba, Sophie Bonnet-Pourpet, Tacita Dean, Nicolas Floc’h, Cyprien Gaillard, Vincent Lamouroux, Seth Price, Samir Ramdani, Michael Riedel, Elodie Seguin, Pieter Van der Schaaf

“Fertile Lands” esquisse une réflexion sur la liberté des artistes, la capacité à s’inventer un terrain propice aux expérimentations, ouvert s’il en est, aux forces extérieures. De par sa confrontation au territoire, l’œuvre s’imprègne de sa force volcanique, de son caractère mouvant et transitoire. Dans les années 60, Robert Smithson, Walter de Maria, Michael Heizer ont été parmi les premiers à déplacer l’énergie du croire en des lieux et des objets dépréciés. Qu’en est-il aujourd’hui où « peu à peu, la croyance s’est polluée comme l’air ou l’eau », où « cette énergie motrice, toujours résistante mais traitable, vient à manquer »1 ?
Placée sous les auspices du film East Coast, West Coast2 dans lequel Robert Smithson, en artiste californien rêveur, fantasque, fait face à une galeriste new yorkaise sceptique – incarnée par Nancy Holt -, l’exposition renvoie aux conditions préalables pour penser l’impensable. Fertile Lands ose parler d’intimité créatrice, de spiritualité, d’aventure artistique et esthétique qui ont permis dans les années 60 l’émergence de projets hors-normes dans leur relation au temps, à l’espace et à l’expérimentation.
Les œuvres présentées à la Fondation d’entreprise Ricard sont le reflet d’une pensée en mouvement, oscillant entre deux pôles de l’expérience ; le voir et le faire. Fixité des indices et circulation de l’image médiatique. Une nouvelle génération d’artistes de l’ère Post-Internet entoure l’œuvre de tout un appareil circonstancié nécessaire à l’appréciation d’un art désormais en libre accès dont les contours ne cessent de se redéfinir selon ses formats de diffusion (galeries, musées, Internet, édition). Sur ce modèle, l’exposition en appelle à une position toujours plus excentrée face à la profusion entropique des informations. Et soudain, se cristallise le « rêve de pierre : « rêve » par la liberté qu’il exige, l’inconnu, l’audace, le risque, le fantasme, « de pierre », par sa consistance ferme, solide, minérale qui s’obtient à force de travail et de ferveur.”
Alexandra Fau, novembre 2015.

1-Michel de Certeau, L’Invention du quotidien, 1. : Arts de faire, éd. établie et présentée par Luce Giard, Paris, Gallimard, 1990 (1re éd. 1980).
2-East Coast, West Coast, Nancy Holt et Robert Smithson, 1969. Vidéo 22 min, noir et blanc, son.
3-Jean-Philippe Toussaint, L’urgence et la patience, Editions de Minuit, 2012.

Espace Fondation Ricard, 12 rue Boissy d’Anglas, 75008 Paris. Tél. : 01 53 30 88 00.

Du 26/01 au 05/03/16.